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Chères clientes, chers clients,
 
Pour ce mois de février, notre calendrier scientifique met en avant un phénomène hématologique assez peu fréquent : il s'agit d'un cas de satellitisme et de phagocytose plaquettaire dûs à une infection sous-jacente dans un échantillon de sang EDTA.
Vous allez explorer le cas de ce patient sujet à une infection à Klebsiella pneumoniae qui illustre également la valeur ajoutée des paramètres étendus de l'inflammation (EIP) XN-Series dans ce contexte pseudo-thrombopénique bien particulier.
 
Bonne lecture !
 
Bien cordialement,
Marketing Scientifique Sysmex France
 
Stratégies des polynucléaires neutrophiles dans la réponse immunitaire
• Une infection bactérienne conduit généralement à un état inflammatoire au sein de l’organisme : il y a alors stimulation du système immunitaire inné.
 
• Dans la phase précoce de la réponse immunitaire innée, les neutrophiles sont activés et constituent une première ligne de défense non-spécifique contre les agents pathogènes. Pour ce faire, Ils développent deux stratégies bien distinctes [1]. L’une de ces stratégies consiste en la sécrétion de cytokines et de chimiokines pro-inflammatoires, qui attirent d’autres neutrophiles et activent d’autres réponses de l’hôte à l’infection [2].
 
• En outre, les neutrophiles éliminent les agents pathogènes par phagocytose et identifient les antigènes pour activer la réponse immunitaire adaptative [1]. Durant cette phase, les neutrophiles sont fortement activés, ce qui se traduit par une augmentation de leur granularité et de leur activité métabolique. Cette augmentation de la densité de coloration et du nombre de granules au sein du neutrophile est appelée « granulation toxique ». Une autre indication de l’activation des neutrophiles est la présence de vacuoles dans le cytoplasme, qui apparaissent en cas d’activité phagocytaire accrue [3]. Les neutrophiles activés présentent également une activité métabolique plus élevée dans le cytoplasme, en raison de la production de chimiokines et de cytokines.
 
•Un autre mécanisme observé par les neutrophiles activés est la génération de pièges extracellulaires de neutrophiles (NET), qui ont été décrits comme des structures en forme de toile composées d’ADN, d’histones et de granules, destinées à piéger et à éliminer les agents pathogènes [4].
 
Analyse de l’activation et de la granularité élevées des neutrophiles par les analyseurs d’hématologie
• Sur les analyseurs d’hématologie XN-Series, une activation plus élevée des neutrophiles provoque une augmentation de l’intensité de fluorescence (SFL) sur le canal de mesure WDF, tandis qu’une granularité plus élevée provoque une augmentation de l’intensité de diffusion (SSC).
 
• Ce phénomène devient analysable avec les « Paramètres de l’inflammation étendus » (EIP) diagnostiques : NEUT-RI (intensité de réactivité des neutrophiles) et NEUT-GI (intensité de granularité des neutrophiles).
 
• Certaines études ont notamment montré qu’une augmentation du NEUT-RI et du NEUT-GI est retrouvée de manière spécifique en cas d’infections bactériennes [5,6].
Figure 1. Le signal SSC de la population de neutrophiles, qui est représenté sur l’axe X du scattergramme, est une indication de la granularité et de la structure interne de ces cellules. L’intensité de fluorescence, qui correspond au contenu cellulaire en ARN/ADN, est représentée sur l’axe Y et indique une activité accrue relative à l’ARN de ces cellules.
 
Comportement et devenir plaquettaire dans certaines conditions sous-jacentes
• Dans de très rares cas, des conditions sous-jacentes telles que des infections bactériennes ou certaines pathologies oncologiques peuvent déclencher la production d’auto-anticorps dirigés contre les plaquettes [7]. Ceux-ci surviennent naturellement chez environ 0,1 % de la population générale et jusqu’à 0,21 % des patients hospitalisés [8].
 
• L’anticoagulant EDTA a un effet chélateur sur la membrane plaquettaire. En éliminant les ions Ca2+, il provoque un changement de conformation qui expose des antigènes cryptiques sur les récepteurs GPIIb/IIIa présents sur la membrane des plaquettes. Les auto-anticorps se lient alors aux antigènes exposés, qui activent des voies conduisant à l’agglutination plaquettaire, à leur satellitisme et à leur phagocytose par les neutrophiles et, plus rarement, par les monocytes [9-11].
 
• Ce processus appelé « pseudo-thrombopénie dépendante de l’EDTA » n’est pas une pathologie mais un phénomène in vitro. Néanmoins, son identification est cruciale pour éviter certains traitements et prise médicamenteuse inutiles. La présence d’une pseudo-thrombopénie étant souvent associée à des troubles auto-immuns ou à des infections, elle doit donc faire l’objet d’une recherche d’éventuelles pathologies sous-jacentes [9]. Les pseudo-thrombopénies induites par le citrate et l’héparine sont extrêmement rares [12].
 
• Dans le cas clinique qui va suivre, la pseudo-thrombopénie dépendante de l’EDTA a probablement été déclenchée par une infection à Klebsiella pneumoniae.
 
Clinique et Biologie
• Un homme de 43 ans se présente à l’hôpital, sujet à de fréquents malaises et dans un état fébrile, accompagné de vomissements et de symptômes laissant suspecter une infection des voies urinaires ou une pyélonéphrite. Une infection à Klebsiella pneumoniae est confirmée ultérieurement par hémoculture.
 
• L’hémogramme réalisé avec un analyseur XN-Series montre des résultats normaux pour les populations leucocytaires et érythrocytaires mais une légère thrombopénie. Une augmentation du paramètre d’inflammation étendu NEUT-RI (NEUT-RI = 65,0 FI ; intervalles de référence 42,0–50,6 FI [13]) est observée. L’alarme « PLT Clumps? » se déclenche également.
 
• Les images du frottis sanguin, réalisées sur DI à partir d’un échantillon de sang EDTA, révèle une forte activation des neutrophiles, ainsi qu’un satellitisme et une phagocytose plaquettaire par les neutrophiles et les monocytes (voir fig. 3). Un frottis d’un autre échantillon de sang prélevé 14 heures plus tard montre toujours ce satellitisme et cette phagocytose plaquettaire, ainsi qu’une vacuolisation et une destruction des neutrophiles.
 
• Un nouvel échantillon de sang prélevé en utilisant du citrate comme anticoagulant ne montre toutefois ni satellitisme ni phagocytose plaquettaire.*
* L’utilisation du citrate comme anticoagulant n’est pas recommandée par Sysmex et l’impact possible sur les performances analytiques doit être validé par l’utilisateur
Figure 2. Le scattergramme de gauche obtenu à partir de l’analyse-patient montre une intensité de réactivité accrue des neutrophiles, constatée par l’augmentation du signal SFL. Le scattergramme de droite montre un exemple d’analyse-patient sain pour comparaison.
 
Figure 3. Imagerie numérique (sur DI-60) montrant un satellitisme plaquettaire et des phagocytes monocytaires et neutrophiles, ainsi qu’une vacuolisation.
 
Pour aller plus loin
• Venez découvrir nos pages web dédiées à nos paramètres étendus de l’inflammation (EIP), et plus particulièrement aux fonctionnalités de nos paramètres XN-Series dans le cadre de pathologies infectieuses :
 
Paramètres XN-Series
 
➢ Paramètres étendus de l’inflammation (EIP):
NEUT-RI/NEUT-GI
RE-LYMP/AS-LYMP
 
Maladies infectieuses
Webinaire réponse immunitaire et XN-Series
Revue bibliographique – paramètres leucocytaires (WBC)
 
Références bibliographiques
[1] Wright HL et al. (2010): Neutrophil function in inflammation and inflammatory diseases. Rheumatology. 49(9): 1618–31.
 
[2] Guerra FE et al. (2017): Epic Immune Battles of History: Neutrophils vs. Staphylococcus aureus. Front. Cell. Infect. Microbiol. 7: 286
 
[3] Zonneveld R et al. (2016): Analyzing Neutrophil Morphology, Mechanics and Motility in Sepsis: Options and Challenges for Novel Bedside Technologies. Crit Care Med. 44: 218–28.
 
[4] Brinkmann V et al. (2004): Neutrophil extracellular traps kill bacteria. Science. 303: 1532–5.
 
[5] Henriot I et al. (2016): New parameters on the hematology analyzer XN-10 (Sysmex™) allow to distinguish childhood bacterial and viral infections. Int J Lab Hematol. 39(1): 14–20.
 
[6] Cornet E et al. (2015): ): Contribution of the new XN-1000 parameters NEUT-RI and NEUT-WY for managing patients with immature granulocytes. Int J Lab Hematol. 37(5): e123–6.
 
[7] Sousa SM et al. (2020): Pseudothrombocytopenia: a case of platelet satellitism and phagocytosis by neutrophils. Platelets. 31(4): 541–3.
 
[8] Bartels PC et al. (1997): Screening for EDTA dependent deviations in platelet counts and abnormalities in platelet distribution histograms in pseudothrombocytopenia. Scand J Clin Lab Invest. 57(7): 629–36.
 
[9] Lippi G et al. (2012): EDTA-dependent pseudothrombocytopenia: further insights and recommendations for prevention of a clinically threatening artifact. Clin Chem Lab Med. 50(8): 1281–5.
 
[10] Tan GC et al. (2016): Pseudothrombocytopenia due to Platelet Clumping: A Case Report and Brief Review of the Literature. Case Rep Hematol. 2016:3036476.
 
[11] Ravel R et al. (1974): Platelet Satellitosis and Phagocytosis by Leukocytes. Lab Med. 5(6): 41–2.
 
[12] Sahin C et al. (2014): EDTA-induced pseudothrombocytopenia in association with bladder cancer. BMJ Case Rep. Bcr-2014-205130.
 
[13] L van Pelt J et al. (2022): Reference intervals for Sysmex XN hematological parameters as assessed in the Dutch Lifelines cohort. Clin Chem Lab Med. 60(6): 907–20.
 
 
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